Les crises de colère, on n’en veut plus !

Quel parent n’a pas à un moment pensé dans sa tête : “Oh non, il recommence, j’en peux plus, je ne vais plus pouvoir gérer une crise de plus !” La fatigue + les enfants ne font pas bon ménage. Alors, si en plus, les crises de colère s’invitent à la maison… Et puis, il faut l’avouer, quel parent ne s’est pas senti totalement démuni et parfois même honteux (osons le dire) quand son enfant décide tout à coup de crier haut et fort en plein milieu d’une foule : “T’es nul”, “je veux pas y aller”, “tu me fais jamais plaisir”… Je commence à avoir des cheveux blancs, moi… Alors qu’on le sait, en tant que parent, on fait toujours du mieux qu’on peut pour apprendre à gérer ses émotions et le calmer, mais on n’a pas toujours les réflexes pour décoincer une situation de crise de colère.
Garder son calme, désamorcer la crise de colère incontrôlable et réagir de manière appropriée, voilà ce qu’on aimerait faire à chaque fois (mais nous sommes bien humains :)). Pour trouver la stratégie adaptée à la colère de notre enfant, il faut d’abord se rappeler que la colère est une émotion qui peut cacher bien d’autres émotions. Selon ses causes et l’âge de votre enfant, retrouver ici tous les conseils que j’applique au quotidien avec mes filles et qui ont porté leurs fruits au fil du temps !
Sommaire
Quand les crises de colère cachent d’autres émotions
Quand un enfant est en colère, il est important de reconnaître la raison de sa colère intense. En connaissant la raison, on va bien plus facilement réussir à désamorcer son agitation, ses pleurs et ses éventuels hurlements. Loi d’être un enfant terrible, le cerveau de notre enfant est en plein développement. Isabelle Filliozat a déterminé 3 types de colère qu’il me semble tout à fait pertinent de vous expliquer :
La colère pour se décharger de la tension de la journée
Nos enfants, comme les parents, accumulent beaucoup de tension tout au long de la journée. Même bébé, on remarque souvent qu’en fin de journée vers 18h, un bébé peut passer plus d’une heure à pleurer. PS, ma petite astuce était de les prendre en écharpe de portage, blottie contre moi, elle ne pleurait plus.
Mais, à tout âge, la fin de journée est souvent le moment où toutes les tensions, la fatigue et les problèmes de la journée ont besoin d’être exprimés.
Une de mes filles âgées alors de 7 ans revenait régulièrement de la maison en pleurant pour se décharger des émotions. Mais, il lui arrivait également de l’exprimer avec colère.
Par exemple, elle pouvait se mettre soudainement à hurler alors que l’on était au goûter, juste parce que sa sœur gigotait un peu trop à côté d’elle. Un rien pouvait être un déclencheur de sa colère. De là, elle pouvait jeter des jouets, renverser son verre, courir dans sa chambre. Il n’y avait pas réellement de raison apparente.
La colère est ici utilisée comme un moyen d’évacuer la tension accumulée tout au long de la journée.
Finalement, en restant ouverte à la discussion, bien souvent elle évoquait des problèmes relationnels avec les copines et les copains, vécus dans la cour de récréation.
La colère pour s’affirmer devant papa et maman
C’est peut-être celle qui est la plus facilement repérable et courante. La phase d’opposition vers 2 ans et 3 ans “le terrible two” en est un exemple flagrant. On se demande d’ailleurs bien souvent comment un enfant de cet âge peut aussi bien nous tenir tête et nous désarmer par tant d’aplomb.
Par exemple, vers l’âge de 3 ans, une situation très courante est que l’enfant ne veut pas s’habiller. Alors qu’il faut partir à l’école, votre enfant a décidé que rester en pyjama, c’était quand même beaucoup plus confortable. (et il a un peu raison, avouons-le ;)). Mais, dans notre société, disons qu’aller en pyj’ à l’école, ça passe pas. Donc, on essaie de lui renvoyer le cadre et là, patatra, la colère arrive. Il tape, se roule par terre, croise les bras, court dans la maison, jette ses affaires…
L’enfant cherche à affirmer qui il est et teste nos limites. Rien d’anormal non plus, ici.
La colère liée à la frustration de ne pas y arriver, de ne pas savoir faire
Vous les voyez, les enfants qui ont le visage fermé, commence à bouillir intérieurement parce qu’il n’arrive pas à clipser ses legos. Après plusieurs essais, la frustration est trop grande et l’impatience de ne pas avoir réussi tout de suite, dans l’instant est insupportable.
Par exemple, il arrive souvent à ma fille de 5 ans d’exprimer sa colère dès que je lui demande de ranger ses vêtements étalés sur le sol. Ce n’est pas qu’elle ne veuille pas le faire, oui, peut-être que ça vous étonne ! Elle veut bien le faire, mais elle pense qu’elle ne va pas y arriver ! Alors, elle commence à crier, se met en colère pour ne pas le faire. C’est étonnant du point de vue d’un parent, mais avec un peu d’accompagnement et en faisant avec elle régulièrement, j’arrive à lui montrer que finalement, elle s’en sort très bien et qu’elle n’a pas besoin de se mettre dans cet état.
Souvent, ce sentiment de frustration est lié à l’incapacité ou le sentiment de ne pas être capable d’atteindre l’objectif qu’on leur a fixé ou qu’il se fixe.
Comment réagir face à une tempête de colère ?
Rester à son écoute (pas si facile)
La colère fait partie des émotions et en soit, il est tout à fait normal qu’elle s’exprime. Mais, il est vrai qu’en tant que parent ou adulte, nous avons cette tendance à ne pas vouloir qu’elle s’exprime. Parce qu’il faut bien le dire, c’est très difficile d’écouter la rage, les cris, les hurlements parfois même de se prendre quelques coups par nos enfants qui se déchainent et s’agitent pour évacuer le trop plein.
Pourtant, en lui apportant de l’attention au moment où il nous rejette, nous allons lui donner le sentiment très important qu’on ne l’abandonne pas. Même s’il veut s’affirmer, prouver son autonomie, il est souvent judicieux de rester à son écoute (même si c’est derrière la porte).
Personnellement , j’adopte toujours cette posture de rester présente à leur côté même si parfois il lui faut un instant pour se retrouver seul dans sa chambre, je reviens toujours quelques minutes plus tard pour lui proposer mon aide dans la gestion de cette émotion vive.
La colère de votre enfant ne doit pas vous séparer, elle doit être traitée comme un symptôme. Il vous faut partir à la recherche de ce qui l’a causé.
Repérer la cause de sa colère
On l’a vu, il y a 3 causes principales qui peuvent soulever un raz de marée de colère : la frustration, l’affirmation et la décharge de tension. Mais, il y en a pleins d’autres :
- la faim
- les irritations
- les abus
- les injustices
- la surcharge sensorielle notamment pour les enfants hypersensibles
- l’anxiété
- le stress
- la mauvaise humeur
Évacuer la colère

J’utilise toujours 3 étapes pour aider mes filles à évacuer leur colère.
1. Laisser la colère s’exprimer
Oui, c’est difficile à entendre, à soutenir, mais écouter ce qu’il dit, regarder ce qu’il fait donne des informations précieuses sur sa détresse, sur les raisons de son mal-être.
Frapper, taper est souvent une agitation qu’il a besoin d’évacuer. Lui dire d’arrêter n’est à mon sens pas efficient. Donnez-lui la possibilité de se défouler dans un endroit au calme, sur un coussin, sur une feuille, sur de la musique… Il s’arrêtera de toute façon à un moment. Si vous tentez de tout faire pour qu’il ne s’exprime pas, c’est pour moi, une façon de lui montrer que sa colère dérange et qu’in fine il vous dérange.
2. Lui apporter des outils pour sortir de sa colère
Vous pouvez tenter de créer un rituel qu’il peut utiliser à chaque fois que la colère arrive. Voici quelques idées :
- respirer profondément 3 fois
- gribouiller sur une feuille
- danser sur une musique
- crier dans un bocal pour enfermer sa colère
- froisser du papier et en faire des boules qu’il jette
- taper dans un ballon, dans un coussin, lancer une balle
- crier de toutes ses forces
- proposer des techniques de relaxation (sophrologie)
3. Apaiser sa colère avec des mots
Le but étant de faire preuve de patience, vous verrez rapidement qu’accompagner votre enfant dans cette émotion vive est très apaisant pour lui. Une fois la crise passée, il est important de prolonger votre lien et d’entamer une discussion. Comment te sens-tu ? Qu’est-ce qui t’a mis en colère ? Comment peut-on faire pour éviter que ça ne recommence ?
La colère est une émotion, il ne s’agit pas de montrer du doigt votre enfant en lui disant que ce n’est pas bien de se mettre en colère ou d’avoir tel ou tel comportement (comme taper). Il s’agit surtout que votre enfant repère l’agitation en lui, les signes qu’une colère arrive.
Souvent les enfants vont se mettre en colère, mais ils se rendront compte finalement que le sentiment premier de cette colère était la tristesse. Au fur et à mesure du temps, votre enfant va repérer de lui-même et nommer ses émotions ce qui empêchera plus tard qu’il soit dans le déni. La verbalisation est essentielle.
En réussissant à nommer ses émotions, vous redonnez à votre enfant un sentiment de contrôle qui l’apaise.
Les conseils Slow Parenting pour diminuer les colères de votre enfant
Établir une routine Slow
La routine apporte une stabilité pour les enfants. Quand les enfants connaissent leur emploi du temps de la journée, leur anxiété se réduit. Beaucoup d’enfants anticipent les jours à venir, connaître ce qu’ils vont faire est un soulagement. En établissant un calendrier 2025 clair, vous diminuerez les colères sur les sujets liés à “je ne savais pas qu’on ferait ça”, “tu ne me l’avais pas dit”, “moi, je ne veux pas faire ça“….
Utilisez des livres sur les émotions
Les livres sont vraiment utiles pour comprendre ses émotions. Et, ça tombe bien, car nombreux sont les enfants qui chaque soir ont le droit à la lecture d’une histoire. Choisissez quelques ouvrages ci-dessus que j’ai utilisés et que les enfants ont beaucoup appréciés. Il est, par la suite, plus facile d’aborder une émotion en s’appuyant sur ces histoires. L’enfant se replonge dans son imaginaire et fait le lien avec ce qu’il vit.
Des limites claires pour avancer ensemble
Un langage limite, répondre à ses parents, mordre, ça n’arrive pas qu’aux autres… Les enfants dépassent les limites et c’est une expression normale dans leur développement émotionnel. L’éducation des parents est un garde-fou pour donner les repères à son expression, à ses idées farfelues parfois et à ses apprentissages.
Être à son écoute, ce n’est pas non plus accepter tout ce qu’il dit ou fait. Un enfant a besoin de savoir que taper sa mère est un comportement inacceptable. Il est de votre responsabilité de lui montrer quel comportement différent adopter pour qu’il soit acceptable. Exprimer sa colère est entendable, faire du mal ne l’est pas.
Passer du temps ensemble pour mieux se connaître
En favorisant une communication ouverte, les parents encouragent l’enfant à partager ses préoccupations et ses besoins. En dehors des crises de colère, vous pouvez créer des temps de qualité dédiés à l’écoute de votre enfant :
- prendre un temps pour prendre un petit chocolat chaud dans le salon
- 5 minutes en revenant de l’école dans sa chambre
- jouer avec lui le dimanche matin
En communiquant régulièrement avec lui, vous allez renforcer sa capacité à entrer en relation par la communication et non plus par des crises de colère incontrôlables. Faites en une habitude, il sera d’autant plus sociable et développera une belle empathie auprès de ses copains et copine.
Améliorer sa coopération

La colère est une émotion qui peut distendre les liens entre parents et enfants. En discutant et en prenant en compte son mal-être, vous renforcez le lien affectif et améliorez sa coopération.
De plus, si vous faites participer votre enfant à la vie quotidienne (mettre la table par exemple), il sera d’autant plus ancré dans la vie familiale et aura une plus grande considération de vos échanges. Il doit se sentir faire partie d’une tribu, un espace sûr où il peut s’exprimer sans crainte.
Conseils aux parents pour désamorcer une colère
- rester positif
- rester cohérent
- encourager son enfant pour ses efforts
- éviter les punitions
- rester calme : écouter, rassurer, expliquer
- valider ses émotions
- ne pas céder
- distraire parfois
- être présent pour renforcer vos liens de confiance
- trouver dans la mesure du possible un environnement de détente
- un peu d’humour !
Gérer les crises de colère des enfants n’est pas de tout repos ! Mais, je vous l’assure quand vous prenez le temps de les écouter, de comprendre leurs angoisses, leurs frustrations, votre lien n’en sera que plus fort. Et puis, parfois, ce ne sont pas les enfants qui sont en colère, mais les parents ! Pour éviter de passer au rouge, je vous donne toutes les solutions pour ne pas vous laisser emporter par votre colère.
Sources :
Geneviève Marcotte, psychologue à Montréal et Nathalie Couture, psychologue à Montréal.
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