Ma pause de 8 minutes

Après l’acquisition du langage, on passe à l’apprentissage de la lecture ! Je me souviens du stress pour mon aîné à la fin de sa grande section de l’école maternelle pour elle… et pour moi. La première année de primaire est un grand défi à relever. Apprendre à lire est une étape cruciale du développement de l’enfant et capital pour son avenir. Pourtant, tous les enfants ne s’engagent pas dans cet apprentissage avec le même enthousiasme. Entre manques de confiance en soi, troubles du langage, TDAH, dyslexie ou absence d’intérêt, les obstacles sont nombreux. En tant que parent, on peut jouer un rôle clé dans l’accompagnement de notre enfant vers la lecture, en douceur, sans pression. Je vous présente un guide complet pour répondre à toutes les questions les plus courantes afin d’aider votre enfant à lire et cultiver la joie de la lecture au quotidien.

Instaurer une routine de lecture quotidienne 

Pourquoi créer une habitude de lecture ?

Toute notre vie, nous allons lire des panneaux, des livres, des publicités, des rapports, des contrats… La lecture ne doit, à mon sens, pas devenir un “effort scolaire” qu’un élève de CP doit faire, mais plutôt une habitude quotidienne qui s’apparente à un moment de divertissement. En passant quelques minutes par jour à lire au même instant chaque jour, votre enfant va développer des automatismes essentiels : la reconnaissance des mots, la compréhension des phrases, l’anticipation du sens. De même, l’étude d’Ehri de 2005 a pu déterminer qu’exposer nos enfants à la vue des mots contribuait plus facilement à lire de façon automatique.

En prenant le temps de partager ce temps de lecture avec votre enfant en lisant vous-mêmes à ces côtés, vous construisez une atmosphère familiale où le livre a sa place, sans pression. C’est une routine qui s’installe de la même façon que le brossage de dent ou le goûter. 

Comment mettre en place cette routine ? 

Comme toute routine, ce qui compte c’est la régularité. Bien sûr, on évite la lecture à des heures où il est trop fatigué ou émotif. Une routine lecture du soir est souvent idéale pour allier détente et apprentissage. Certains enfants prennent aussi l’habitude de lire dans leur lit le matin avant que leurs parents se réveillent. Why not ? On est si bien emmitouflé dans le lit sous la couverture. Nul besoin de lire pendant une heure : 10 minutes peuvent suffire si elles sont vécues avec allégresse. Et puis, n’oubliez pas que ce moment de détente est aussi propice au partage de savoirs et de connaissances pour le jeune enfant. 

Offrir des livres adaptés à son niveau de lecture 

L’importance d’un ouvrage adapté à ses capacités 

Un livre trop difficile peut engendrer de la frustration, un trop facile peut provoquer l’ennui. Utilisez la règle des “5 doigts” : si l’enfant fait plus de 5 erreurs de lecture sur une page, l’ouvrage est peut-être trop complexe. Il ne sera pas profitable de bloquer votre enfant à apprendre la lecture, car il n’y arrive pas. Au début, les images ont vraiment leur importance. C’est important pour lui de voir les illustrations pour mieux comprendre le récit. Pour maintenir sa motivation, rendez-vous à la bibliothèque pour choisir des livres qui le motivent et qui suscitent son intérêt. Il est toujours plus facile de lire un livre sur un sujet qui les intéresse. 

Vous pourrez choisir au fur et à mesure des éditions enrichies en vocabulaire même pour un apprentissage précoce. Certains ouvrages expliquent même les nouveaux mots pour accompagner la lecture.

Des collections recommandées 

De nombreuses collections ont été spécialement conçues pour accompagner les jeunes lecteurs dans leurs premiers pas. Par exemple, “Je suis en CP” chez Flammarion propose des histoires simples, ancrées dans le quotidien des enfants, avec des phrases courtes et répétitives. Ma fille en a lu quelques-uns avec intérêt. La série “Sami et Julie” de Hachette est une référence pour apprendre avec la méthode syllabique. La pédagogie montessori offre également de nombreux ouvrages pour débuter à partir de sons simples jusqu’à la lecture de phrase complète. Vous pourrez débuter l’apprentissage avant 6 ans si votre enfant en a très envie ! (je l’ai fait pour ma seconde fille et c’était un vrai plaisir de la guider)

En choisissant ce type de support, vous offrez un cadre éducatif, motivant et rassurant. Ces lectures soutiennent l’acquisition de la lecture tout en suscitant leur curiosité.

Montrer l’exemple : lire soi-même 

L’imitation : moteur de l’apprentissage 

L’expérience d’Albert Bandura avec sa poupée Bobo a démontré que les enfants apprennent par observation. Si un parent agresse la poupée, celui-ci reproduit ce comportement. Donc, si vous vous mettez à lire un article de blog, un magazine ou une recette de cuisine régulièrement devant lui, la magie va opérer ! Ce n’est pas plus compliqué que cela ! Lire devient une norme culturelle pour votre enfant, c’est naturel, agréable et utile.  

Pas besoin d’être un grand lecteur ou de lire à voix haute tous les jours : l’essentiel est d’incarner un lien positif au manuscrit, pour motiver votre enfant à explorer à son tour. Et pourquoi pas également passer par l’écriture d’un récit ensemble ?!

Temps calme lecture en famille 

Instaurer un temps de lecture où chacun prend son ouvrage et s’installe calmement permet de partager un rituel fort, même dans le silence. Ce temps calme peut devenir un pilier du quotidien, une parenthèse sereine. Vous pouvez même accompagner ce rituel d’un chocolat chaud ou d’un goûter. Ce n’est pas tant le contenu lu qui compte, mais l’ambiance : un environnement apaisé, une lumière douce, un contact chaleureux. Même un enfant, qui ne sait pas encore lire seul, ressent ce cadre sécurisant. Il comprend que cet instant a de la valeur, que c’est un objet de ravissement, et non d’obligation.

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Motiver son enfant à lire 

Comment le motiver à lire ? 

J’entends des parents me dire “il ne veut jamais lire, ça ne l’intéresse pas”. Alors, oui, peut-être qu’il n’est tout simplement pas prêt, car beaucoup ont encore envie de jouer toute la journée. Mais la motivation ne se décrète pas, elle s’éveille. L’enseignant n’a pas toujours la possibilité de donner à lire des sujets qui l’intéressent. Cherchez à savoir ce qui le passionne : les voitures, la nature, les dinosaures, le foot… Il pourra être un peu plus réceptif et n’hésitez pas à varier les supports : bande dessinée, manga, album, livre audio, revue, documentaire… tout compte pour éveiller la curiosité. Dès qu’il cherche à déchiffrer un mot, encouragez-le ! Et surtout, valorisez chaque progrès. La lecture devient alors une aventure partagée, jamais une corvée.

📌 Astuce : Créez une “liste d’envies de lecture” avec lui, sous forme de carnet illustré ou de tableau magnétique. Chaque mot lu peut y être coché ou décoré : une façon ludique de stimuler l’enfant à lire et de célébrer ses découvertes.

Favoriser la lecture comme un passe-temps ludique

Lecture plaisir pour un enfant de 6 ans : comment s’y prendre ? 

À 6 ans, tous les élèves découvrent le monde par le jeu, l’image et l’imaginaire. Pour lui donner le goût de la lecture, il faut répondre à ses besoins d’exploration, de rire et d’identification. Cela passe par des livres colorés, drôles, interactifs, sous forme de pop-up. J’ai même chez moi un bouquin qui raconte une histoire où mes filles sont les héroïnes, c’est plus captivant !

Des outils et supports alternatifs 

Les BD jeunesse comme Ariol, Tom-Tom et Nana ou Mortelle Adèle offrent une lecture plus visuelle, rythmée, qui attire même les plus réticents. Ma fille a englouti les Mortelle Adèle à l’âge de 7 ans et à mon grand regret n’a pas encore accroché le journal de Mickey (le journal de mon enfance), mais je ne désespère pas quand même ;). Les magazines comme J’aime lire ou Histoires pour les petits permettent de varier les plaisirs avec des récits courts et illustrés. J’apprécie particulièrement le dernier, car les histoires sont accessibles et il y en a au moins trois dans chaque journal. 

LUNII est également une approche nouvelle qui permet de passer tranquillement de l’oral à la lecture. Ce sont des livres audio que l’enfant. Parfait pour intégrer la structure de la langue. 

Intégrer des jeux pour apprendre à lire en s’amusant 

Des exercices de lecture efficaces 

Je tente toujours de donner aux apprentissages une dimension ludique et différente. Comme ce n’est agréable ni pour moi ni pour mes filles de se mettre aux devoirs avec discipline, je combine apprentissage et volupté. Je mène les devoirs comme une activité qui vont stimuler leur mémoire, la reconnaissance des sons et la compréhension, tout en rendant cette expérience joyeuse. Le memory des syllabes aide à associer visuel et phonétique, le domino des mots favorise la lecture fluide, et le loto des sons consolide la conscience phonologique. 

Il existe des applications en ligne comme Lalilo ou Kaligo qui peuvent aussi faire naître l’intérêt pour les enfants par leur côté interactif.  Pour moi, l’idéal c’est quand ils apprennent sans s’en rendre vraiment compte ! 

Créer ses propres jeux 

Voici mes jeux que j’ai créés pour améliorer petit à petit la vitesse de lecture :

– Une chasse aux mots dans la maison : je cache des mots sur des bouts de papier dans la maison. Elles doivent lire le mot pour trouver un trésor !

– Des devinettes à lire : mes filles adorent les devinettes et rigoler en famille. On passe un bon moment tout en travaillant sur la méthode de lecture pour former des syllabes. 

Des cartes mots/images :  Pour débuter, j’associe des images aux mots et puis par la suite j’élimine les images.

Lire ensemble à voix haute 

Une méthode pour renforcer la fluidité 

Ma fille avait des difficultés à lire de façon fluide. En lisant une phrase sur 2, j’ai remarqué son entrain à lire de la même façon que moi, avec la même intonation, le même rythme. C’est une pratique recommandée par le National Reading Panel puisqu’il vient renforcer la mémoire auditive et favorise la prononciation. La lecture à voix haute favorise ainsi l’apprentissage implicite des règles de la langue.

Mettre en scène la lecture

Pour s’amuser, je prends une grosse voix pour imiter l’ours et une voix très aiguë pour la souris. C’est un vrai spectacle ! Parfois, je laisse mes filles lire le conte et je mets en scène les personnages avec leurs peluches. Elles adorent vivre le contexte du récit et cela n’enlève rien à l’aspect éducatif. L’avantage avec cette mise en scène, c’est que je peux aussi m’assurer qu’elles ont bien compris ce qu’elles lisent en me trompant dans l’action des peluches. “Ah maman, tu t’es trompé, c’est pas l’ours qui mange la fraise, c’est le chien !” C’est plus facile de cette manière de reconnaître si elles ont bien compris et identifier les personnages. 

Créer un coin lecture attractif 

Pourquoi un espace dédié est important

Alors, personnellement, on a beaucoup de chance parce que la bibliothèque est à 2 minutes à pied et que, cerise sur le gâteau, ils ont construit une cabane avec des tapis tout doux et des coussins pour lire. Un coin agréable, avec une lampe douce, incite vraiment les enfants à aller chercher un ouvrage même si c’est pour regarder les images. 

À la maison, les lits cabane sont sympas pour donner ce côté très cocon.  Évidemment, les livres doivent être accessibles tout le temps !

Encourager, valoriser, célébrer 

Le pouvoir de l’encouragement 

À chaque album lu, vous pouvez coller sur le mur la vignette de la couverture sur une feuille. Quel régal de voir petit à petit la page se remplir. Votre enfant est fier de lui et voit ses progrès. Tout ce qui peut le motiver sera bénéfique pour sa réussite scolaire, mais surtout pour la joie de la découverte d’une œuvre, d’un nouveau monde. 

Faites de chaque moment de lecture une victoire à célébrer. Le bonheur vient aussi de la reconnaissance des efforts accomplis.

S’adapter aux difficultés spécifiques

Comment aider un enfant dyslexique à lire ?

Alors, de mon côté, mes filles ne sont pas dyslexiques, mais cela ne m’a pas empêché d’aller y jeter un œil et d’utiliser quelques ouvrages quand ma fille a présenté un trouble de la lecture. Les enfants dyslexiques rencontrent des obstacles particuliers avec un trouble spécifique. Aujourd’hui, il existe des manuels en police OpenDyslexic, avec des textes espacés et des phrases courtes. 

La patience est de mise avec un accompagnement chez un orthophoniste au besoin. En attendant d’avoir un rendez-vous chez ces spécialistes overbookés, vous pouvez regarder la collection Dyscool chez Nathan. Ce sont des romans classiques aménagés pour les dyslexiques. 

L’enseignement de la lecture qu’il soit apprit par une méthode globale ou la méthode montessori, cela n’a pas vraiment d’importance. L’idéal est de trouver la ou les méthodes de lecture adaptées à votre enfant et à son amusement. En semant quelques graines au quotidien — un moment lecture dans les bras, un journal choisi ensemble, un mot lu fièrement —, on construit bien plus qu’une compétence : on crée un lien, on nourrit la confiance, on ouvre la porte à l’imaginaire. 

Autres Ressources pédagogiques utiles :

• Méthode Borel-Maisonny (gestes associés aux sons)
• Livres “Je suis en CP”, “Premières lectures Montessori”
• Plateformes : lalibrairie.com, Storyplay’r (livres audio enfants)