À l’heure où j’écris ces lignes, le ministre de l’Éducation nationale, Edouard Geffray qualifie d’«extrêmement inquiétante» le système éducatif. Le niveau des élèves et leur santé psychique et physique inquiètent et nous, parents sommes inquiets de voir un système qui semble ne pas considérer les besoins de nos enfants. En effet, a toujours tendre vers le toujours plus, nos enfants sont fatigués et c’est pourquoi il m’est important de souligner certaines dérives sur les devoirs.
La question de la légalité des devoirs à faire durant les vacances scolaires se pose avec acuité, car elle croise les enjeux pédagogiques, de bien-être des enfants, et de cadre juridique.
En France, selon le site officiel Service‑public, « un enseignant ne peut pas donner à ses élèves un travail écrit à faire en dehors de la classe » pour l’école primaire depuis la circulaire de 1956. Les devoirs à faire à la maison peuvent être un travail oral (lecture ou recherche par exemple) ou des leçons à apprendre.
En pratique, ça se passe comment pendant les vacances ? (expérience de Maman 100 % réel)
Quand on parle de « devoirs pendant les vacances », on entre dans un flou juridique, car la loi parle de «travail écrit hors de la classe» en général, mais elle ne distingue pas explicitement les vacances comme période distincte.
T’as des devoirs, ma chérie ?…
J’ai eu le réflexe de poser cette question vendredi soir et elle m’a dit : « oui ». Zoé est en CM1, je ne me doutais pas vraiment de la quantité de devoirs qu’elle allait avoir, mais j’avais une pensée plutôt légère « c’est les vacances, on verra ça, mais il ne devrait pas y avoir grand-chose »…
4 jours plus tard…
Je vous fais la petite liste parce que c’est intéressant de voir à quel point on en est arrivé à une folie !
– Orthographe : apprendre par cœur la liste 8 (30 mots) et s’entraîner à conjuguer les verbes oral + 1 ou 2 personnes à l’écrit
– Relire à haute voix les 7 épisodes de Noune pendant les vacances. Le faire en plusieurs fois. Ce sont 7 fiches de lecture.
– Savoir conjuguer tous les verbes dans le tableau (12 verbes)
– Poser et calculer dans son cahier 2 additions
– Écouter régulièrement une chanson et la connaître
– Apprendre la poésie (4 paragraphes)
………
Elles sont où les vacances, Maman ?
Allez, on va se faire un petit calcul amusant pour savoir ce que tout ce que la maîtresse a donné comme devoirs va nous coûter en temps en moins de repos cérébral !
- Orthographe : on passe en temps normal 30 minutes sur 4 jours pour les apprendre donc 2 heures
- Lecture : malheureusement pour zoé, elle lit très lentement donc on peut facilement passer 15 minutes sur chaque lecture donc 1h45
- Conjugaison : pour apprendre les verbes on écrit plusieurs fois chaque verbe allez on va être gentil, zoé apprend vite sa conjugaison donc 5 minutes par verbe ça fait : 1 heure
- Addition : zoé est bonne en calcul on en a pour 10 minutes max (elle aime s’appliquer pour les poser)
- CHANSON : la chanson fait 3 minutes environ donc on va l’écouter 5 fois au moins > 15 minutes
- POÉSIE : là ça peut se compliquer, car il faut un max de concentration, je vais dire 1 heure, mais c’est vraiment aléatoire pour chaque enfant
TOTAL : 5 heures et 10 minutes
Alors, on n’est pas dans les clous du tout ! et puis, je n’ai pas eu de mots de la maîtresse me disant que c’est OPTIONNEL. Ce n’est de mon point de vue pas raisonnable d’imposer autant de « travail » à nos enfants qui deviennent plus overbookés que nous pendant les vacances !
D’un point de vue pédagogique et bien-être de l’enfant, il me semble aujourd’hui important de considérer raisonnablement l’apport de ces connaissances et de ces apprentissages pendant les vacances ?!
Les Avantages des devoirs de vacances pour nos enfants
Même si le sujet suscite débat, on peut identifier plusieurs avantages potentiels à ce que les enfants fassent quelque chose pendant les vacances.
On renforce leur mémorisation
Quand les vacances sont longues, on sait qu’il existe un phénomène souvent appelé « le coup de pompe » ou la perte des acquis scolaires. En d’autres termes, les enfants oublient une partie de ce qu’ils ont appris pendant l’année. Les devoirs de vacances (ou cahiers de vacances) peuvent aider à maintenir un minimum d’exercice mental, de lecture au CP, ou de mathématiques, ce qui permet de revenir à la rentrée avec un niveau moins affaibli.
Donc, on continue à stimuler leur muscle cérébral pour mobiliser leur mémoire afin d’éviter la page blanche à la rentrée.
Maintenir leurs compétences scolaires
Au-delà de la simple mémorisation, les devoirs de vacances peuvent aider à garder le rythme d’apprentissage, la discipline, l’habitude de petit travail régulier. Ainsi, la lecture, l’écriture, la recherche, l’exploration aident à maintenir et améliorer les compétences des élèves. Pour les enfants qui ont des difficultés pendant l’année, cela peut être l’occasion d’apprendre autrement avec un autre professeur ou de façon plus ludique avec d’autres méthodes de travail, sans le stress des contrôles continus.
Critiques et débats autour des devoirs de vacances
Malgré les petits avantages, il existe de nombreuses critiques à l’encontre des devoirs pendant les vacances. Et oui, je ne vais pas me cacher, je ne fais pas partie de celle qui font Youpi quand mes filles reviennent l’agenda remplit pour les vacances…
Il y a plusieurs aspects sur lesquels je suis totalement en contradiction avec cette pratique des devoirs pendant les vacances :
- Je n’en avais jamais pendant les vacances dans les années 90′. Tous les acquis étaient faits en classe. Nous n’avions que les évaluations à réviser à la maison…
- La loi du 8 juillet 2013 d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République a rendu effective l’interdiction formelle des devoirs écrits à la maison. Alors pourquoi avons-nous des additions à poser, des mots de dictées à écrire ?
Impact sur le temps libre et les loisirs
Les vacances, c’est fait pour décompresser, s’amuser, se divertir, penser à autre chose, se faire plaisir, découvrir de nouvelles choses, sortir du cadre, souffler… C’est aussi un moment de découverte, d’activités, de jeu, de détente, de voyage, d’exploration. Si les devoirs prennent une grande place, l’enfant peut avoir l’impression de ne pas être en vacances. Des recommandations pédagogiques suggèrent que les devoirs pendant les vacances, s’ils sont proposés, doivent être limités en durée — par exemple, 15 minutes pour les plus jeunes et jusqu’à une heure pour les plus grands. L’objectif n’est pas de remplacer le travail en classe, mais de maintenir une continuité pédagogique et de préserver les acquis. De plus, les experts soulignent que l’apprentissage se fait surtout par le jeu et l’exploration, et que forcer les enfants à réviser peut nuire à leur motivation et à leur bien-être
Stress et surcharge pour les étudiants
Pour de nombreux enfants, les vacances sont le moment attendu de relâchements après une année scolaire intense. Certains estimant que donner des devoirs pendant cette période peut provoquer un sentiment de « toujours devoir travailler ». De plus, les devoirs peuvent créer des tensions familiales : l’enfant ne veut pas, les parents poussent, cela peut devenir conflictuel. Et puis, réellement, je ne comprends pas cet emballement permanent pour le « toujours plus ». A l’école, quand les enfants rentrent, ils ont envie d’une vraie coupure, une grande pause et les devoirs sont réellement l’effort de trop. Donc, continuer à s’obstiner de les faire travailler en vacances parce que le programme doit être bouclé est tout simplement fou.
Un constat alarmant, non ?
Dans les années 1990, le message dominant était : « les vacances, c’est fait pour se reposer ». Le travail restait dans le cadre scolaire.
Et, alors, que les parents expliquent qu’ils sont surbookés, que le monde va bien plus vite, qu’il y a des milliers de tâches à faire… l’éducation nationale se contente de nous faire passer le message « ah ba nous aussi, on a plein de choses à faire donc si vous pouviez avancer le travail à la maison, ça nous arrangerait » !!!
Mais, qui, à un moment donné,
va appuyer sur STOP !?
On n’est pas des robots, on est intelligent, on n’a pas à tout savoir et surtout on a irrémédiablement besoin de temps de pause !
Petit rappel, une recherche publiée en 2023 (articles «Homework’s Implications for the Well-Being of Primary School Pupils…») montre que des devoirs trop « longs, répétitifs, pesants » entraînent chez les jeunes : frustration, découragement, réactions émotionnelles (pleurs), anxiété, privation de sommeil.
Selon l’Organisation mondiale de la santé Europe (OMS Europe) rapportée pour la France, chez les jeunes de 15 ans, près de 63 % des filles (contre 43 % des garçons) déclarent se sentir “sous pression” à cause de leur travail scolaire (comparé à 54 % / 40 % en 2018).
Quelle réponse donne-t-on réellement au besoin d’ennui, de repos, de régénération de leur cerveau ? Quelle image donne-t-on de l’apprentissage, si ce n’est une corvée supplémentaire ? Le cadre légal est assez flou et en pratique, il faut bien le dire chaque maître ou maîtresse fait comme il veut ! Soit on tombe sur un professeur qui a bien compris à quel point les enfants sont en vacances, soit c’est une maîtresse plein de zèle qui veut correspondre à tous les attendus des ministères…
Comment s’organiser pour les devoirs pendant les vacances ?
Si l’on décide de donner ou d’accepter que les enfants fassent des devoirs pendant les vacances, il est essentiel de veiller à ce que cela se fasse de façon équilibrée, respectueuse, sereine. Voici quelques pistes concrètes.
Trouver le meilleur moment
Vous pouvez décider de mettre en place une plage horaire dédiée, mais toujours courte. Avant le repas du midi peut être une bonne idée, car le matin les enfants sont tout comme nous beaucoup plus aptes à apprendre. 20 minutes suffisent ! Priorisez d’abord le repos, les jeux, la détente, puis le petit moment d’apprentissage. Il n’est pas question de se sentir débordé donc faites plutôt 1 seul exercice, 1 seule lecture pour éviter les conflits et les grosses colères liées aux leçons. N’oubliez pas d’impliquer votre enfant et de lui proposer de choisir lui-même le moment où il souhaite faire son temps de travail. Le but est de ne pas donner l’impression de «reprise scolaire intensive».
En parler au maître ou à la maîtresse
Nos enfants sont fatigués, donnent beaucoup pour bien apprendre ou ont tout simplement besoin de jouer. Je crois qu’il est nécessaire d’avoir une discussion avec le corps enseignant concernant les périodes de repos. Il ne sera pas judicieux de contraindre un enfant qui a fourni d’énormes efforts pendant les cours en classe durant ces vacances d’été ou même des périodes de Toussaint ou de vacances d’hiver à des apprentissages supplémentaires. La démotivation, le rejet ou même pour certains une forme de phobie scolaire pourrait poindre le bout de son nez. Ouvrez le dialogue avec l’enseignant pour trouver le meilleur compromis afin de garantir un apprentissage pertinent en fonction de votre enfant et de ses besoins du moment !