Troubles Dys : mon enfant est-il concerné ?

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Dyslexie, dyspraxie, dysphasie… Ces mots reviennent souvent dans les discussions autour de la scolarité. Les troubles “Dys” touchent près de 6 à 8% des enfants en France (selon la FFDys). Derrière ces appellations se cachent des troubles cognitifs spécifiques qui perturbent l’apprentissage, sans pour autant remettre en cause leurs intelligences. Dans cet article, j’ai pris le temps d’explorer les différents troubles Dys pour comprendre ce nouveau monde fleurissant ces dernières années.

Quels sont les troubles Dys ?

Un trouble neurodéveloppemental

Je pense ne pas être la seule à me demander si ma fille a un trouble dys ? On commence d’ailleurs à se poser ces questions quand nos enfants entrent en CP et qu’il est l’heure d’apprendre à lire et à écrire… Pourquoi la mienne va moins vite que les autres ? (on ne peut pas s’en empêcher de comparer mais parfois ça a du bon quand même).

Ces troubles 🧩 regroupent plusieurs problématiques spécifiques du langage et des apprentissages. Ils concernent une ou plusieurs fonctions cognitives : lecture, écriture, motricité, langage oral ou encore repérage spatial.

Ces troubles sont durables et nécessitent un accompagnement adapté. Ils ne disparaissent pas avec le temps, mais les enfants peuvent apprendre à compenser grâce à des stratégies d’apprentissage et des aménagements scolaires.

Les troubles Dys ne sont pas liés à un manque d’effort, à une paresse ou à une déficience intellectuelle. Ce sont des troubles neurodéveloppementaux d’origine neurologique. Le cerveau traite différemment certaines informations, ce qui entraîne des difficultés ciblées dans un domaine précis : lire, écrire, parler ou bouger.

Chaque enfant Dys possède des forces et des zones de fragilité. Par exemple, un dyslexique peut avoir une excellente mémoire visuelle ou une créativité remarquable.

Quels sont les 10 Dys ?

Même si certains sont plus connus que d’autres, on distingue généralement dix grands troubles :

Dyslexie : trouble de la lecture et de la reconnaissance des mots.

✨Dysorthographie : trouble de l’orthographe et de l’écriture correcte des mots.

✨Dysgraphie : trouble du geste d’écriture, souvent associé à une motricité fine difficile.

✨Dyscalculie : difficulté à comprendre les nombres, les calculs et les opérations.

✨Dyspraxie (ou trouble développemental de la coordination) : trouble de la planification et de la coordination des mouvements.

✨Dysphasie : trouble spécifique du langage oral, affectant la compréhension ou l’expression.

✨Dysmnésie : trouble de la mémoire à court ou long terme.

✨Dysprosodie : difficulté à percevoir et reproduire les intonations et rythmes du langage.

✨Dyschronie : difficulté à se repérer dans le temps et à comprendre les séquences chronologiques.

✨Dysconnexion inter-hémisphérique : perturbation dans la communication entre les deux hémisphères du cerveau, pouvant affecter plusieurs apprentissages.

👉 Ces troubles peuvent exister isolément ou cohabiter chez un même individu, rendant parfois le diagnostic complexe.

Mais pourquoi mon enfant présente un trouble dys ?

Une origine neurologique (le cerveau fonctionne autrement tout simplement)

Les études en neuro-imagerie montrent que, chez les enfants Dys :

  • certaines zones du cerveau liées au langage, à la lecture, à la coordination ou au calcul ne s’activent pas de la même façon ;
  • il existe parfois un déséquilibre entre les hémisphères cérébraux (gauche/droit) ;
  • la transmission de l’information entre certaines zones du cerveau est plus lente ou moins efficace.

💡 Cela ne veut pas dire que le cerveau est “défaillant” — il traite simplement les informations autrement. C’est pourquoi ces enfants ont souvent des forces remarquables : créativité, raisonnement visuel, intuition, mémoire émotionnelle, curiosité…

Une composante génétique ou périnatale

De nombreuses recherches (notamment Inserm et CNRS) montrent une prédisposition familiale. Un enfant Dys a souvent un parent ou un grand-parent présentant un trouble similaire (dyslexie, dyspraxie, dysorthographie…). Certains gènes influencent le développement des régions cérébrales impliquées dans le langage ou la motricité.

Cela explique pourquoi plusieurs jeunes d’une même fratrie peuvent être “Dys”, mais de manière différente (l’un dyslexique, l’autre dyspraxique).

Dans certains cas, des facteurs environnementaux précoces peuvent influencer le développement cérébral :

  • naissance prématurée ou souffrance fœtale,
  • manque d’oxygène à la naissance,
  • infection ou exposition à certaines substances pendant la grossesse.

Mais ces situations n’expliquent pas à elles seules le trouble, elles peuvent seulement augmenter la probabilité chez un enfant déjà prédisposé.

Ce qui ne cause pas un trouble Dys

Il est essentiel de le rappeler, ce n’est pas dû à :

  • un manque de lecture à la maison.
  • un manque d’attention ou à un “retard scolaire”.
  • un problème psychologique.
  • une mauvaise volonté.

👉 Un trouble Dys n’apparaît pas “à cause” d’un événement, il fait partie du développement neurologique dès le départ.

Est-ce que les difficultés peuvent s’aggraver ?

L’environnement joue un grand rôle dans la façon dont l’enfant va les vivre :

  • Le stress, la fatigue, les moqueries ou les échecs répétés peuvent renforcer le sentiment d’incompétence.
  • À l’inverse, un environnement bienveillant, encourageant et adapté l’aide à développer des stratégies efficaces et à s’épanouir.

Quels sont les cinq troubles d’apprentissage les plus fréquents ?

Parmi tous les troubles Dys, cinq sont les plus couramment diagnostiqués à l’école :

✨La dyslexie

Par exemple, Hugo, 9 ans, comprend parfaitement une histoire qu’on lui raconte, mais peine à la lire seul. Il s’énerve quand il doit lire devant la classe.

Les signes qui peuvent vous interpeler :

  • Il confond ou invente des mots en lisant.
  • Il inverse les lettres (“b/d”, “p/q”, “on/no”).
  • Il lit lentement et évite les lectures à voix haute.
  • Il comprend mieux à l’oral qu’à l’écrit. Il a du mal à apprendre les leçons uniquement en lisant

✨La dysorthographie

Par exemple, Zoé, 10 ans, connaît sa leçon de grammaire par cœur mais écrit “les parent sont sortie”.

Les signes à repérer :

  • Il fait beaucoup de fautes, même sur des mots connus.
  • L’accord des verbes et des pluriels est difficile.
  • Il oublie des lettres, inverse l’ordre, écrit “lorqu’on” au lieu de “lorsqu’on”.
  • Ses dictées sont catastrophiques malgré ses efforts.

✨ La dyspraxie

Par exemple, Maël, 7 ans, sait parfaitement ce qu’il veut écrire, mais son geste est si lent qu’il n’a jamais le temps de finir.

Les signes à reconnaître :

  • Il est souvent maladroit : casse, renverse, fait tomber.
  • Il a du mal à s’habiller (boutons, lacets, fermeture éclair).
  • Son écriture est lente, irrégulière ou illisible.
  • Il se perd sur la feuille, saute des lignes.
  • Il a du mal à organiser son cartable ou sa table.

✨La dysphasie

Par exemple, Lila, 5 ans, comprend tout ce qu’on lui dit, mais a du mal à formuler une phrase complète.

Les signes à remarquer :

  • Il cherche ses mots, ou utilise des mots inappropriés.
  • Il comprend mal les consignes complexes.
  • Ses phrases sont courtes, mal construites (“Moi aller école demain”).
  • Il se fâche quand on ne le comprend pas.
  • Il peut sembler rêveur ou silencieux alors qu’il lutte pour trouver ses mots.

✨La Dyscalculie

Par exemple, Noa, 8 ans, comprend bien les histoires, mais se bloque dès qu’un exercice contient des chiffres.

  • Il confond les chiffres (13 et 31).
  • Il n’arrive pas à mémoriser les tables de multiplication.
  • Il ne comprend pas les notions de plus grand / plus petit / avant / après.
  • Il perd le fil dans les calculs à plusieurs étapes.
  • Les problèmes écrits sont incompréhensibles pour lui.

Ces troubles sont regroupés sous le terme de “troubles spécifiques des apprentissages”, définis dans le DSM-5 (manuel diagnostique de référence en psychologie).

Accompagner mon enfant Dys

Le diagnostic se déroule généralement en plusieurs phases :

  1. Observation en milieu scolaire ou familial : difficultés récurrentes, lenteur inhabituelle, erreurs fréquentes.
  2. Bilan orthophonique ou psychomoteur : première évaluation pour identifier un trouble spécifique.
  3. Bilan pluridisciplinaire : réalisé dans un centre référent des troubles du langage et des apprentissages (CRTLA) ou par un neuropsychologue, il permet de poser un diagnostic complet.
  4. Restitution aux parents et à l’école : le professionnel explique les résultats et les aménagements nécessaires.

Le diagnostic précoce est crucial : plus il est posé tôt, plus il peut bénéficier d’un accompagnement adapté qui limitera les retards scolaires et la perte de confiance en soi.

Le rôle des professionnels de santé

Plusieurs spécialistes peuvent intervenir dans le parcours :

  • Orthophoniste : pour les troubles du langage et de la lecture.
  • Psychomotricien : pour la dyspraxie et les troubles de la coordination.
  • Ergothérapeute : pour améliorer la motricité fine, la tenue du crayon, l’organisation spatiale.
  • Neuropsychologue : pour évaluer le fonctionnement cognitif global.
  • Médecin scolaire ou pédiatre : pour orienter les familles vers les bons professionnels.

Ce travail d’équipe permet une prise en charge globale de l’enfant, à la fois médicale, scolaire et familiale.

L’école, un acteur majeur

L’école joue un rôle essentiel dans la réussite des enfants. Plusieurs stratégies peuvent être mises en place :

  • Adapter les supports : textes aérés, police adaptée (comme OpenDyslexic), consignes reformulées.
  • Accorder plus de temps pour les évaluations.
  • Favoriser l’oral quand l’écrit est un obstacle.
  • Mettre en place un PAI, PAP ou PPS (Plans d’Accompagnement Individualisés) selon les besoins.
  • Utiliser des outils numériques : logiciels de dictée vocale, correcteurs, tablettes, cartes mentales.

Ces aménagements visent à réduire les obstacles plutôt qu’à diminuer les exigences scolaires.

Les outils pédagogiques pour soutenir les enfants

De nombreuses ressources existent pour aider les parents et les enseignants :

  • Applications éducatives comme Dyspraxiatheca ou Dys-Vocal ;
  • Livres adaptés en lecture facilitée ;
  • Plateformes de ressources pédagogiques (Dys-positif, Lexidys, Fantadys, Fédération Française des Dys).

💡 Les enfants Dys ont souvent besoin d’un environnement encourageant et bienveillant : la compréhension, la patience et la valorisation de leurs réussites sont les meilleurs leviers d’apprentissage.

Et à l’âge adulte, le trouble dys disparait-il ?

Non, un trouble Dys ne disparaît pas à l’âge adulte. Mais avec une prise en charge adaptée, ses effets peuvent être considérablement atténués, au point que l’adulte Dys vive et réussisse pleinement, parfois sans que le trouble soit perceptible au quotidien.

Cela signifie qu’ils sont liés à la structure et au fonctionnement du cerveau, mis en place dès l’enfance. Un cerveau “Dys” ne devient pas “non-Dys” avec le temps, il fonctionne différemment à vie, mais il peut s’adapter, compenser et trouver d’autres chemins cognitifs.

Par exemple :

  • Un adulte dyslexique lira peut-être plus lentement, mais il aura appris à identifier les mots globalement ou à utiliser la synthèse vocale.
  • Une personne dyspraxique pourra améliorer sa coordination grâce à la pratique et à l’organisation.
  • Un adulte dysphasique aura enrichi son vocabulaire et développé des stratégies d’expression alternatives.

Ce qui change vraiment grâce à la prise en charge

Une prise en charge précoce et cohérente (orthophonie, psychomotricité, ergothérapie, accompagnement scolaire…) lui permet :

  • de mieux comprendre son fonctionnement,
  • de développer ses compétences compensatoires,
  • et surtout, de protéger son estime de soi.

Ainsi à l’âge adulte,

  • les difficultés persistent, mais deviennent gérables ;
  • l’adulte sait s’organiser, anticiper, déléguer ou utiliser des outils numériques pour pallier ses faiblesses ;
  • il peut réussir des études, une carrière, une vie familiale épanouie.

Les troubles Dys ne sont ni une fatalité ni une barrière à la réussite. Avec un diagnostic précoce, une prise en charge adaptée et une école inclusive, chaque enfant peut développer ses talents et apprendre autrement. L’objectif n’est pas de gommer la différence, mais d’aider ces enfants à grandir avec confiance et autonomie dans un environnement qui reconnaît leur singularité.

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