Caroline GOLDMAN : le Time Out
Je ne pouvais pas ne pas évoquer le sujet du moment : le « Fighting » qui oppose l’éducation répressive défendue par Caroline GOLDMAN contre l’éducation positive de Catherine GUEGUEN et Isabelle FILLIOZAT ! Le “Time out” (mettre l’enfant dans une chambre pour le sanctionner) fait couler beaucoup d’encre…
J’ai tenté de vous livrer les positions de chacune de façon la plus objective possible (même si parfois ça me démangeait vraiment sous les doigts). Je vous donne quand même mon avis en fin d’article, ba oui, je pouvais pas m’en empêcher 😉.
🧠Le modèle de pensée de Caroline GOLDMAN
Caroline GOLDMAN est psychothérapeute pour les enfants et les adolescents et docteur en psychopathologie. Depuis 16 ans, elle accompagne les familles et les enfants et adolescents pour des troubles du comportement, des troubles de l’attention ou encore la prise en charge de la douance.
Mère de quatre enfants, elle a écrit une thèse sur l’affectivité des enfants intellectuellement précoces et a enseigné durant 15 années à l’université.
Depuis 2022, elle anime un podcast sur la psychologie et l’éducation des enfants. Vous y retrouverez son point de vue complet sur l’éducation positive dans le podcast intitulé « Critique de l’éducation positive ».
🛑Les limites éducatives de Caroline GOLDMAN
Caroline GOLDMAN a évoqué dans le podcast « Établir des limites éducatives », l’importance d’un cadre face à la désobéissance de l’enfant. L’autorité, l’obéissance font partie de l’éducation pour amener l’enfant à savoir vivre en société.
À partir d’un an, l’enfant va expérimenter et c’est à l’adulte de poser le cadre de ce qui est possible et de ce qui ne l’est pas tout au long de son évolution. Les mises en danger, faire trop de bruit, ne pas obéir aux injonctions, se victimiser, imposer sa mauvaise humeur sont autant de désobéissances pour lesquelles la psychothérapeute soutient le parent dans la mise en place de limites éducatives.
Tout enfant a des phases d’opposition qui caractérise son développement et il est nécessaire de rétablir les limites quand il les outrepasse.
Caroline GOLDMAN a donné quelques grands principes pour poser les limites en cas de conflit avec son enfant :
- Il est important de parler des valeurs familiales et d’invoquer le caractère immuable de celles-ci. « Ici, personne ne tape et ça ne changera pas ».
- Le soutien du « second parent » qui va incarner l’autorité et intimider l’enfant.
- « Rester stoïque tel un éléphant face à une fourmi ». Lors de votre échange, le parent doit rester calme et ferme et ne pas projeter de jugement tel que « tu es insupportable ».
- Si au bout de 3 explications, l’enfant tente toujours de repousser la limite, il est invité à aller dans sa chambre pour un « Time out ».
⌚La notion de “Time out “
« Le Time out, c’est la mise à l’écart temporaire hors de l’espace commun lorsque l’enfant a compris la règle, c’est-à-dire qu’il a très bien compris que ce qu’il fait est interdit »
Caroline GOLDMAN – Emission de France Inter
Caroline GOLDMAN explique sa position sur le « Time out » dans son échange sur France Inter.
En tant qu’adulte, il est difficile de réprimer ces « relans » d’agressivité et de violence face à un enfant qui transgresse une limite et n’obéit pas.
Le Time out, c’est une punition qui maintient son enfant à l’écart pendant quelques minutes ou plus longtemps selon le temps que va décider le parent en prenant en compte son âge et le degré de gravité de la limite dépassée.
Pour Caroline GOLDMAN, c’est limiter l’épuisement parental pour que l’impact de la désobéissance ne soit pas sur le parent, mais bien sur l’enfant. « C’est son problème ». Elle démontre l’efficacité de cette punition par le fait qu’au bout de 2 à 3 fois, l’enfant ne recommence plus.
La psychothérapeute aborde l’éducation sous une notion de contrainte et d’obéissance qui hérisse les poils des défenseurs de l’éducation positive.
En soi, il me semble que Caroline GOLDMAN a intégré l’adage :
« La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres. »
🫵Les points à controverse de Caroline GOLDMAN concernant l’éducation positive
Caroline GOLDMAN ne semble pas fondamentalement contre l’éducation positive qu’elle trouve saine, mais mise en perspective, la psychothérapeute est en contradiction avec plusieurs notions.
😡L’apprentissage de la frustration
Du point de vue de Caroline GOLDMAN, l’éducation positive ou bienveillante traduit uniquement la croyance qu’avoir un enfant n’est qu’amour, partage et paix. Les contraintes et les limites ne font pas parti de l’éducation positive qui nie les agitations et les cris en les faisant passer pour des « tempêtes émotionnelles » comme l’évoque I. FILLIOZAT. Ce ne serait alors que le symptôme du besoin d’amour et de réassurance de l’enfant.
La frustration induite par les limites éducatives ne serait plus enseignée, ce qui peut engendrer des difficultés de comportement chez les enfants. Caroline GOLDMAN rapporte une explosion des consultations auprès des psychothérapeutes à ce sujet depuis 5 à 10 ans.
🙄Confusion entre laxisme et éducation non violente
Il y a une réelle différence de positionnement entre Caroline GOLDMAN et Catherine GUEGUEN ou Isabelle FILLIOZAT qu’elle cite à plusieurs reprises.
L’éducation positive condamne fermement toutes violences éducatives qu’elles soient physiques ou psychologiques. Le TimOut est une contrainte éducative qui démontre un enjeu de pouvoir, de domination. Pour Catherine Gueguen, permettre à un parent d’exclure un enfant, c’est la possibilité d’envisager un rapport de dominant à soumis. Les valeurs qu’elle souhaite défendre sont ancrées dans la transmission de valeurs et de repères par l’adulte « mais sans humilier l’enfant, et en comprenant ses émotions ». Pour elle, enfermer l’enfant dans sa chambre ajoute de l’incompréhension et de la colère. C’est une posture de dressage.
Pour Caroline GOLDMAN, la transmission de l’amour ne suffit pas à intégrer une limite éducative, il faut nécessairement une sanction lorsque l’enfant va trop loin.
💓Les émotions au cœur de la tourmente
La libération des émotions est une des grandes thématiques de l’éducation positive. Au regard des dires de Caroline GOLDMAN, il serait peu judicieux d’évoquer ses émotions auprès de son enfant au risque de le faire culpabiliser. Sentiment d’insécurité, de déception de l’enfant envers son parent sont des comportements qui peuvent plonger l’enfant dans une grande détresse.
La démarche de l’éducation positive est de tenter de contribuer à la régulation des émotions chez l’enfant. En évoquant ses propres émotions, on incite l’enfant à faire de même et à les reconnaître et mieux les gérer quand elles surviennent. L’objectif étant de limiter les accès de violence et de développer les compétences socioémotionnelles de l’enfant et in fine de l’adulte.
🥼Les données neuroscientifiques
Les incidences de notre comportement sur le développement du cerveau de l’enfant sont un argument fort de l’éducation positive. Cependant, Caroline GOLDMAN met en exergue la manipulation des chiffres des neuroscientifiques et ce qui peut en être fait dans un but marketing.
Il y aurait des abus d’interprétations qui amènent les parents à culpabiliser de leur propre comportement envers leur enfant. Par exemple, un stress important que peut ressentir un enfant peut impacter son développement cérébral. Ainsi, un parent ne doit plus faire porter une once de stress à son enfant. Les parents adeptes de l’éducation positive seraient donc instrumentalisés afin d’éviter des violences éducatives ?
🙄Parents : choisir l’éducation répressive ou l’éducation positive ?
Quand 2 points de vue se confrontent, je pense toujours qu’il faut tirer parti de ce qui nous anime profondément.
🫡Se faire confiance
Si vous voulez lire mon opinion, le voici : faisons grandir nos enfants pour qu’ils correspondent à la vision que l’on a de la société de demain. Cela laisse la place à chacun de donner l’éducation qui lui ressemble en lien avec ses propres valeurs.
Bien entendu, je ne peux renier mes propres valeurs qui sont l’empathie, l’écoute, la liberté d’expression et l’accompagnement de l’individualité de mes enfants.
Si vous pensez profondément que vos enfants ont besoin de ce temps enfermé dans leur chambre, je ne pense pas qu’il faille culpabiliser à tout prix. Personnellement, c’est une pratique que j’adopte de temps en temps, mais toujours de façon accompagnée.
Je leur propose un “temps calme” lorsque mes filles n’arrivent plus à faire retomber leur excitation ou leur colère. Ce n’est jamais lié à la transgression d’une règle, car le plus souvent, le rappel de la règle suffit à ce qu’elles arrêtent de tester la limite. Aussi, ce temps calme est un temps dédié pour effectuer un exercice de respiration, un exercice de la Méthode Vittoz ou un dessin.
J’aspire à ce que mes filles prennent ce moment pour réfléchir sur leur propre comportement : qu’est-ce qui m’a mis dans cet état ? Comment mon comportement impacte-t-il les autres ? Qu’est-ce que je peux mettre en place pour m’améliorer ?
🤔Développer sa capacité de résilience
Cette controverse m’a également amené à réfléchir sur une notion qui, je trouve, est assez peu abordée finalement, car on reste très centré sur l’enfant : développer la capacité de résilience du parent.
Notre génération (avant les années 2000) n’a pas appris à gérer ses émotions dès le plus jeune âge. Il nous est proposé d’aborder cette notion avec nos enfants, mais nous-mêmes avons-nous fait ce chemin pour qu’ils puissent nous imiter ? Comprendre les raisons qui nous poussent à crier, à être agressif, c’est pour moi une réflexion sur qui l’on est et nos propres souffrances.
Pour certains, il est peut-être plus simple d’enfermer son enfant plutôt que d’effectuer un travail sur soi ? On ne peut pas se permettre de juger, car chacun suit sa propre voie.
La guerre des clans, c’est pas pour moi. Je suis clairement pacifiste et pour moi ce qui a du sens, c’est de préserver votre bien-être et celui de votre enfant. Il est important de vous écouter, de vous faire confiance et pour cela, il faut avoir les idées claires.
Face au rythme trépidant de votre vie, je vous propose de recevoir gratuitement mon E-Book sur la Slow Life pour remettre au centre de votre vie ce qui fait sens pour vous.
Sources :
L’interview de Caroline GOLDMAN sur France inter
Article du site Pedagogie-waldorf > Education répressive ou positive?
Article du Monde > : Catherine Gueguen, pédiatre : « Que diriez-vous si votre conjoint vous enfermait dans votre chambre ? Pourquoi faisons-nous ça aux enfants ? »
No Comment