Unschooling en France, la liberté éducative ?
Les apprentissages sont au cœur de la vie de nos enfants. Tout au long de leur développement, les enfants expérimentent, découvrent le monde et s’abreuvent de connaissances naturellement pour se construire. L’Unschooling est une façon de leur apporter une liberté éducative plus importante pour suivre leurs propres intérêts. Acteur de ses apprentissages, le jeune apprend par plaisir et non par contrainte. L’Unschooling est une réelle solution pour maintenir son bien-être ou adopter un style de vie comme la Slow Life en dehors du système scolaire traditionnel.
Qu’est-ce que le « Unschooling » ?
On parle d’instruction en famille (IEF), d’Unschooling (« déscolarisation » en français), d’apprentissage autonome ou encore d’éducation autogérée. Toutes ces dénominations font partie du mouvement impulsé dans les années 60′ par John Holt.
Le pionnier du « Unschooling » : John Holt
John Holt est un enseignant, chercheur et écrivain américain qui devint le porte-parole des méthodes d’enseignement alternatives telles que la scolarité à la maison.
Aussi, ce défenseur des droits de l’enfant a observé que les contenus scolaires imposés par l’école ne faisaient pas écho à leur intérêt du moment. Ainsi, l’Unschooling est une pratique qui a pour idéologie de laisser l’enfant apprendre selon ses envies. Il n’y a pas de méthode scolaire.
Il n’est pas question d’évaluation, de notes, d’échec, de réussite scolaire mais d’une volonté de se passionner et de réussir pour soi. En outre, l’enfant prends le temps de construire son propre chemin de vie. Le succès n’est pas défini par les notes de votre enfant, mais par son épanouissement personnel.
Vous pouvez débuter votre découverte du « Unschooling » par la lecture du livre de John Holt « Les apprentissages autonomes ».
Un apprentissage pas si autonome
L’adulte est présent pour accompagner l’enfant dans ses découvertes, à son propre rythme. À la différence de l’école à la maison, l’Unschooling ne met pas en place de routine stricte. En bref, on laisse l’enfant apprendre de lui-même sans le contraindre.
L’autonomie est de fait une valeur intrinsèque de l’instruction en famille tout comme la notion de plaisir, de liberté, d’absence de pression et d’horaires prédéfinis. La place du parent est, à mon sens, totalement respectée dans sa dimension d’élévation de l’être. Élever son enfant en lui donnant ce dont il a besoin pour grandir et le soutenir dans ses projets.
Aussi, de nombreuses associations accompagnent les parents dans leur démarche d’une pédagogie autonome :
- UNIE,
- FELICIA,
- LEDA,
- LAIA,
- L’école est à la maison,
- CISE,
- Liberté Instruction,
- Enfance Libre,
- etc.
L’instruction en famille en France
L’instruction en famille peut se faire durant toute la scolarité de l’enfant de la maternelle jusqu’au lycée. Faire le choix du « Unschooling », c’est toutefois devoir se conformer à des contrôles sur les apprentissages de votre enfant. Chaque année, un contrôle pédagogique est effectué par l’Education Nationale pour vérifier que l’instruction est bien effective. Ce mode d’instruction est légal puisque c’est l’instruction qui est obligatoire et non la scolarisation de l’enfant.
Statistiques de Liberté Education
« Pour l’année scolaire 2019-2020, l’instruction en famille concernait 50 000 enfants scolarisés à la maison soit pour raisons de santé (50 %), soit pour des raisons très diverses : contraintes géographiques, hyperactivité, phobie scolaire ou harcèlement scolaire, difficultés d’apprentissage, dysgraphie, dyslexie, dyscalculie, activités sportives ou musicales intensives, liberté de choix pédagogique, meilleur respect du rythme naturel de l’enfant, etc. »
Cependant, c’est une pratique encore peu répandue en France (0,34 %). Contrairement au berceau du « Unschooling », aux États-Unis, 4 à 6 % des enfants font l’instruction à domicile. L’établissement scolaire reste le principal acteur de l’enseignement en France par le biais des écoles privées, des écoles publiques ou des écoles à pédagogie alternative, la plus connue étant l’école Montessori.
Apprendre par plaisir et non par contrainte
Le désir inné d’apprendre
Dès tout petit, l’enfant a su apprendre des mots, a su se mettre à quatre pattes, s’est mis à marcher tout seul, comme par enchantement. Ces petits miracles d’apprentissages, il continue chaque jour à les montrer au sein de son foyer en étant curieux de tout. De la musique rock à Debussy, enfants et adolescents peuvent s’adonner à toutes leurs passions sans contrainte de temps (cirque, hip-hop, chants, puzzles, compositions, guitare,…).
Ainsi, il est naturel pour un enfant de vouloir comprendre l’environnement qui l’entoure. Vous l’aurez probablement remarqué par vous-mêmes, certains n’arrêtent pas de vous demander : « Pourquoi ? ».
Chaque enfant va explorer à sa manière et en son temps. Peu importe l’âge auquel il va apprendre à lire ou compter, il se nourrit des connaissances qui le passionnent et ira naturellement solliciter l’adulte si des concepts indispensables lui manquent. Ce sera d’autant plus important si votre enfant a des capacités “hors-normes” (atypique, HPI ou surdoué…).
Les parents sont des veilleurs qui ont toujours en tête les centres d’intérêts de leurs enfants. Si celui-ci se passionne pour les châteaux, les parents pourront l’accompagner dans cette découverte du monde. Par exemple, il pourra l’amener visiter une forge, des musées ou lui permettre de confectionner lui-même une robe de princesse. Ce sont ainsi des apprentissages qui se font sans contraintes et qui enrichissent l’ensemble de la famille.
Le rôle parental
L’Unschooling, c’est véritablement lâcher-prise en tant que parent sur la maîtrise des savoirs de l’enfant. Il n’est plus question qu’il réussisse selon les propres schémas de pensées des adultes mais bien d’avoir une confiance totale dans la capacité de l’enfant à faire ses propres choix. Dans notre société moderne, il existe de vraies preuves de réussite de cette philosophie de vie : Agatha Christie, Victor Hugo, Maud Fontenoy, Jean d’Ormesson, Taïg Khris,… Tous ont été des « Unschoolers » et ont pris les chemins de traverse pour donner vie à leur talent.
L’étude menée par Gray et Rilez en 2013 auprès de 232 familles « Unschoolers » a mis en lumière 3 conceptions du rôle parental :
- La liberté : le parent n’oriente pas l’enfant vers un apprentissage. Il le laisse libre de ses choix sauf s’il le sollicite.
- Guider et soutenir : le parent lui apporte toutes les ressources dont il a besoin pour nourrir son centre d’intérêt.
- Un objectif éducatif : le parent accompagne et encourage l’enfant en lui proposant une nouvelle activité chaque jour.
Tout parent lorsqu’il adopte la philosophie du « Unschooling » est un fin observateur des expériences et des émotions de son enfant.
Franchir le pas du « Unschooling »
Une alternative nécessaire en cas de mal-être de l’enfant
Parfois, c’est la vie tout simplement qui vous amène à devoir déscolariser son enfant. Parfois, les difficultés d’apprentissage ne peuvent être considérées dans une scolarité à l’école. Pour exemple, l’enfant peut souffrir de phobie scolaire ou d’un problème de santé nécessitant son maintien à domicile. De même, son talent peut se révèler dans une activité musicale, sportive…
La mise en place du « Unschooling » à la maison implique de se questionner dans l’éducation à faire vivre au sein de son foyer.
C’est aussi se confronter au regard de la société. Vous allez renier cette culture normative qui consiste à laisser la société se « charger » de l’apprentissage des enseignements établis comme indispensable pour sa construction et son avenir. Aussi, votre entourage familial, amical, va vous questionner. « Mais alors, il n’aura pas d’ami ? », « il va avoir du retard », « il ne va rien faire de ses journées »,…
Sachez que ce choix n’est pas définitif, votre enfant pourra toujours reprendre les chemins de l’école si sa santé le permet. Il est important d’inclure totalement votre enfant dans cette démarche et de se centrer sur son propre bien-être. Peu importe les réserves de vos proches, il est question de l’épanouissement de votre enfant.
Ainsi, l’Unschooling peut être un sas de décompression dans un temps donné ou devenir un nouveau mode de vie épanouissant pour toute la famille.
Un choix en pleine conscience
C’est ainsi que « l’Unschooling » est un état d’esprit qui doit être en phase avec votre mode de vie.
Si vous faites le choix de ne pas le scolariser, vous devez être à même de lui apporter les moyens de grandir et de s’instruire pleinement. Il n’est donc pas envisageable d’avoir un travail qui ne vous rend pas disponible ou apporte trop de contraintes à votre quotidien.
Nombre de parents ont d’abord essayé l’instruction en famille avec des supports tels que le CNED ou des pédagogies alternatives tels que Montessori. Et c’est, par cette instruction à domicile, que les parents se sont aperçus de la liberté d’apprentissage qu’ils pouvaient offrir à leur enfant.
Respecter ses cycles du sommeil, vouloir lui enseigner que « vivre c’est apprendre, et qu’apprendre c’est vivre », développer son libre arbitre et sa créativité, promouvoir l’autonomie plutôt que la dépendance, sortir des sentiers battus sont autant de raison qui vous amène à faire le choix du « Unschooling ».
Vous souhaitez en apprendre plus sur le « Unschooling » ? Clara BELLAR a réalisé le documentaire « Être et Devenir ». Tout simplement, une maman qui s’est questionnée sur la nécessité de scolarisation de son fils alors qu’elle voyageait. À la rencontre d’enfants instruits en famille aux États-Unis, en Allemagne, en France et en Angleterre, ce film est en quête de vérité.
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